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Lorsque je m’éloigne des structures modulaires, c’est pour moi un principe sous‑jacent. […] Je pense que le design - pas seulement le design graphique, mais aussi le design spatial, l’architecture et le design industriel - bénéficient d’une approche cellulaire, d’une approche très structurelle. »

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Le développement de ma pratique du design est parti d’un idéal, d’une utopie qui me guide. L’idée qu’il est nécessaire de créer un sens de l’ordre au milieu de l’immense chaos visuel du monde – et telle est, selon moi, la tâche première des designers. Je crois que Rietveld a dit un jour : « Ce qui est semblable chez l’homme est plus important que ce qui le rend différent. » Toute votre expérience visuelle vous crie qu’il faut combattre l’expression personnelle et […] créer autant que possible pour l’interprétation à partir d’un minimalisme radical, favoriser le calme visuel […]. Cela a marqué le début de ce que nous appellerions plus tard la charte graphique.

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En tant que typographe, vous n’avez qu’à simplement organiser les informations clairement de manière à les transmettre dans une forme facilement lisible.



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Quand Jan dit que le design est une activité subjective, il adopte - en tant que designer - le rôle d’un intermédiaire. Je suis pour ma part effrayé d’adopter un rôle aussi subjectif, et j’essaye plutôt de prendre une position objective.

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Je crains que, par exemple, une typographie standard, une typographie de livre, ne puisse être réalisée par quelqu’un qui adopte une telle position subjective, car un livre ne deviendra jamais meilleur simplement par sa typographie. Jamais, au grand jamais.

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De mon point de vue, deux approches guident notre travail et je voudrais ici es clarifier. Le designer A, qui privilégie l’approche analytique pour arriver au message le plus objectif, sera enclin à n’utiliser que des moyens éminemment testés et ne sera pas fréquemment tenté d’expérimenter dans un souci de nouveauté. Pour cette raison, il court également le risque d’une production qu’on peut caractériser par une certaine sécheresse. En revanche, le designer B est plus susceptible d’utiliser des moyens à la mode, et il ne rejettera pas l’expérience afin. d’arriver à des résultats inédits. De plus, le designer A aura tendance à se positionner de manière professionnelle, sans trop «envelopper» son sens des responsabilités vis-à-vis de la société. Il s’abstiendra par exemple de s’engager dans des spécialités qui ne sont pas les siennes. À travers son travail spécifique, il contribuera à l’articulation d’un problème. Je pense que le designer B, sur la base de son large sens des responsabilités envers la société, aura tendance à être tellement absorbé par les problèmes posés qu’il s’avancera au sein de spécialités qui ne sont pas les siennes. Qu’il court ainsi le risque de gaspiller son expertise en proposant en amateur une contribution au problème donné.



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Lorsqu’un designer travaille pour un parti politique ou veut promouvoir ses propres convictions politiques, il y va de manière très subjective, car il choisit alors une perspective. [...] Cela implique qu’un concepteur ne doit effectuer que des travaux avec lesquels il est entièrement en accord. [...] Mais alors vous courez le risque de vous retrouver avec une gamme assez restreinte de missions.

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Dans vos catalogues du Van Abbemuseum, je reconnais avant tout la voix de Jan van Toorn, tandis que celle de l’artiste ne devient perceptible que si j’y mets du mien. En tant qu’«oeuvres d’art», ce sont de grandes contributions à ce qui est actuellement possible dans le champ de la typographie libre, mais elles sont carrément illisibles. On y est enlisé.

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J’ai une grande affection pour les artistes, mais en même temps je ne prétends pas en être un - je n’ai pas autant de liberté qu’un artiste. De nombreux designers vivent avec le dilemme de vouloir être un artiste visuel plutôt qu’un bon designer.

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Lorsque vous dites que mon approche est technologique et que vous observez que je parle constamment de technologie, c’est un effet de mon goût pour la technologie.

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Je dis que le design graphique consiste en un processus d’ordonnancement des choses au profit de la clarté et de la transparence de l’information.

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Je crois qu’en tant que designer je ne dois jamais m’interposer entre le message et son destinataire. J’essaie plutôt de présenter les choses avec autant de neutralité qu’il est possible.

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Je dis à [mes élèves] : «Avant tout, assurez-vous de savoir ce que vous faites. Si cela est incompatible avec ce que vous aspirez à faire, sortez-en dès aujourd’hui et lancez-vous plutôt dans des études comme la science politique, la philosophie ou la psychologie ; ou allez faire de la politique, car là, vous avez beaucoup plus d’influence sur les gens et vous pouvez réaliser tout ce à quoi vous aspirez plus rapidement qu’au travers de notre vocation [du design graphique]». [...] Je ne suis pas un politicien, et j’ai pris la décision consciente de rester loin de ce monde. J’adore mon métier et j’essaye d’apporter une contribution depuis cette place-là.